Moyen-Orient 50 • Avril – Juin 2021
Libye, Francesca Mannocchi et Gianluca Costantini, Rackham, Tarnac, 2020, 144 p.
Les ouvrages sur la Libye sont si rares que lorsqu’une analyse de qualité paraît, il est important de la signaler. Alors quand c’est une bande dessinée issue d’une enquête de terrain, autant dire qu’il faut la recommander à toutes et à tous. C’est justement le cas avec Libye, cet album traduit d’une première édition en italien et relatant avec patience et finesse la tragédie d’un pays tombé dans le chaos il y a maintenant dix ans. Mais les auteurs ne tombent pas dans le piège de trouver en la révolution de 2011 les racines de la violence actuelle, non. Ils remontent plus loin, optant pour un événement qui a traumatisé de nombreux Libyens et, en quelque sorte, réveillé les consciences face à un régime honni. Le 29 juin 1996, plus de 1 200 prisonniers d’Abou Salim ont été massacrés par l’armée en quelques heures pour réprimer une « grève » des détenus, qui exigeaient des conditions carcérales dignes. L’enquête se concentre alors sur les départs vers un avenir imaginé meilleur, sur les traversées clandestines de la Méditerranée, avant de revenir sur les conflits entre les différentes factions présentes sur le territoire libyen. Une belle et nécessaire bande dessinée ! G. F.

